Arrivé seul en train dans la grande banlieue de Bucarest à l’âge de quinze ans, sans bagage et sans regret. Il laissait derrière lui ses parents son village natal, Valea Seaca, la vallée du ruisseau, petit bourg de Moldavie. Autodidacte, rien ne le prédestinait à devenir (lautari) musicien. Il fredonnait, retiré en forêt, imitant le chant des oiseaux. Il se retrouva rapidement une petite place dans un restaurant ou débute sa carrière. Il avait déjà sa flûte entre les mains et quelques mélodies populaires apprises sur le tas en écoutant la radio. Sans doute las de cette vie solitaire, Il décida de rejoindre une sœur, inconnue, et mariée à Clejani.
Son apprentissage de Lautari commença très vite, il joua dans les mariages et s’endurcit, d’abord à la contrebasse ensuite de sa flûte. A coups de savates et de coups bas, Il acquit le répertoire de Clejani, toutes ses entourloupes, ses coups fourrés et gimmicks qui sont le langage des musiciens, indiquant les changements de mélodies. Enfin, les autres jugèrent un jour qu’il’ était digne d’être intégré dans le Taraf “officiel”.
En 1991, il entrait dans le Taraf de Haïdouks et il nous accompagna pendant 25 ans, toujours soucieux de son maintien, impeccable dans ses costumes trop large. Il ne venait jamais sans son fer à repasser, ses cigarettes et son attaché-case, ‘’sa diplomat ‘’comme on dit en roumain, toujours vide ne contenant que sa flûte. Fluerici nous a quitté, comme beaucoup d’autres, d’un cancer le 14 septembre en début d’après-midi. Jamais soigné, il refusait d’être interné dans un hôpital.